Zoom sur le groupe Dephy Grandes Cultures Eure-et-Loir
Le groupe vient de se réengager pour la période 2022-2026 avec 4 nouvelles exploitations, dont la ferme expérimentale de Miermaigne et l’exploitation du lycée agricole de La Saussaye.
Les exploitations du réseau Dephy d’Eure-et-Loir sont volontairement représentatives du département : types de sols, conduites culturales, surfaces, rotations… La diversité de ce groupe est sa principale force. Les agriculteurs couvrent la majorité des situations possibles, facilitant la valorisation et la diffusion des résultats au-delà de Dephy. Cette complémentarité des profils permet également d’avoir des échanges très constructifs sur les différents types de systèmes étudiés.
Comment fonctionne un groupe Dephy ?
Chaque exploitant définit ses objectifs personnels de réduction des produits phytosanitaires ou de maintien d’utilisation faibles, mesuré grâce au calcul de l’IFT*. L’ingénieur Réseau, chargé de l’animation et de l’accompagnement du groupe, aide les agriculteurs dans les changements envisagés et les leviers testés.
Le groupe possède également son propre axe de travail. Pour la période 2022-2026, les 12 exploitations vont travailler sur le changement climatique : adaptation et atténuation dans les systèmes de cultures, dans un contexte de diminution d’usage des produits phytosanitaires, via la re-conception de système. Chacune des exploitations réalisera un diagnostic des émissions de GES ainsi qu’une évaluation du stockage carbone dans le sol. Ces deux diagnostics serviront de base pour ensuite mettre en place et suivre des stratégies d’atténuation, lors d’ateliers de co-construction.
Comment réduire son utilisation de produits phytosanitaires ?
Pour permettre de réduire durablement l’IFT, les agriculteurs font évoluer l’ensemble de leur système de culture. Le premier levier mis en place est l’allongement des rotations : il permet de réduire la pression de tous les bio-agres¬seurs des cultures, d’éviter de conduire à des impasses agronomiques (et ne plus pouvoir récolter certaines cultures), de sécuriser ses sources de revenus et d’avoir une meilleure répartition de la charge de travail sur l’année.
Chaque agriculteur du groupe intègre en¬suite d’autres leviers agronomiques ou des alternatives aux produits phytosanitaires. Par exemple : colza associé, mélanges va¬riétaux (blé tendre et blé dur), désherbage mécanique, décalages des dates de semis, implantations de bandes mellifères, …
Il n’existe pas de solution clé en main : chaque exploitant doit travailler sur son système et intégrer les leviers les plus adaptés à ses problématiques. L’accompagnement individuel et collectif, ainsi que les échanges entre les agricul¬teurs permettent aux exploitants de faire progresser leur système et d’atteindre leurs objectifs.
Quels résultats depuis 2016 ?
Sur la période 2016-2021, toutes les fermes du groupe ont diminué leur IFT (-13% à -25% pour les fermes avec les IFT les plus faibles, -40% à -46% pour les fermes à IFT plus élevés et -95% sur une ferme en cours de conversion bio). La plupart des agriculteurs ont été au-delà des objectifs qu’ils s’étaient fixés. La co-construction de système en groupe, les échanges (formels et informels) ont fortement contribués à ces bons résultats. Une vigilance est cependant à apporter sur l’IFT herbicides, se révélant plus difficile à réduire dans certains systèmes, liés à des salissements parcellaires importants. De plus, sur les exploitations avec un IFT herbicides bas, il faudra veiller à la stabilisation de cet IFT sans risques d’enherbements non maitrisés.
*IFT : Indice de Fréquence de Traitement