Quels sont les outils mécaniques ou les combinaisons de techniques qui donnent le plus de satisfaction ?
En pratique, l’herbicide est appliqué au moment du semis au moyen d’une buse (angle 40°, pression de pulvérisation 2 bars, volume de bouille appliquée sur le rang 130 L/ha*) située à l’arrière de la roulette de ré-appui. La présence d’humidité résiduelle, liée à l’application au moment du semis est un facteur primordial à la mise en solution des matières actives. Elle garantit l’efficacité des produits à action racinaire. L’inter-rang est géré uniquement mécaniquement en post-levée de la culture. La bineuse est équipée de socs travaillants chacun sur une largeur de 15 cm. Pour un inter-rang de 50 cm, 3 socs à patte d’oie (à Miermaigne) ou dents Lelièvre (à la Saussaye) gèrent l’inter-rang. La vitesse d’avancement est de 4 à 10 km/h selon les cultures avec une profondeur de travail de 3-4 cm.
A Miermaigne, cette technique est pratiquée sur les cultures semées à grand écartement, c’est-à-dire colza, tournesol (semé à 50 cm) et maïs grain (semé à 75 cm). Elle sera expérimentée en 2022 sur sorgho grain, maïs grain et pois chiche semés à 50 cm d’écartement entre rangs. Le mode de semis du colza a été modifié dès le début de l’expérimentation. Au lieu de l’implanter avec un semoir à céréales, il est désormais semé au semoir monograine à 50 cm d’écartement. A la Saussaye, cette technique est utilisée seulement sur le colza (avec un semoir pneumatique à 50 cm d’écartement).
En colza, un seul binage est réalisé, en général entre le 20 septembre et le 20/25 octobre. Il procure une bonne efficacité : les jours ont une durée assez longue et sont souvent ensoleillés pour permettre le dessèchement des adventices arrachées et l’absence de repiquage. Le sol après les passages mécaniques est relativement friable/grumeleux.
A Miermaigne, le binage ne peut pas s’effectuer au-delà du 20/25 octobre. En effet, à partir de fin octobre, les sols commencent à se gorger d’eau ce qui empêche toute intervention (risque de marquage, phénomènes de repiquage liés aux fortes rosées matinales). Les sols en sortie d’hiver sont pris en masse, en raison des cumuls de pluie et du contexte pédologique. Miermaigne est, en effet, un des lieux les plus arrosés d’Eure-et-Loir avec 350 mm de pluie en moyenne entre le 1er novembre et le 31 mars. Cela, d’une part, limite la pénétration des socs et ne permet pas un travail efficace de l’outil. D’autre part, cela rend l’accessibilité des parcelles au printemps trop tardive (au mieux vers le 25 mars/1er avril).
Un exemple réussi de la combinaison herbicide sur le rang et binage de l’inter-rang en tournesol à Miermaigne printemps 2021
Tournesol à Miermaigne au 20 mai
Localisation sur le rang de Dakota P 2,5 L/ha + Challenge 600 3,5 L/ha au semis le 22 avril
Le rang est parfaitement propre. Seul l’inter-rang reste à gérer mécaniquement (présence principalement de renouées persicaires, atriplex…).
Tournesol à Miermaigne au 11 juin
Vue de la parcelle après 2 binages (1er binage le 1er juin puis 2nd binage le 11 juin)
Le 2nd binage a été réalisé à une profondeur de 3-5 cm. La vitesse est de 9 km/h soit un débit de chantier de 2,2ha/h.
Le buttage du rang a permis d’éliminer les quelques adventices passées au travers du désherbage chimique. Le rang après 2 passages mécaniques est parfaitement propre.
A contrario, à la Saussaye, le sol est limoneux-argileux moyennent profond à profond. Si les conditions météorologiques sont favorables, des fenêtres d’intervention plus tardives sont possibles : le binage est possible jusqu’en novembre, voire en sortie d’hiver si les rangs du colza ne sont pas encore fermés (travail facilité par le guidage caméra).
Sur ces deux sites, ce mode de gestion des adventices ne dispense pas toujours sur colza de l’application d’un herbicide en entrée hiver pour gérer les graminées présentes sur le rang ou les relevées éventuelles de graminées occasionnées par le binage.
Sur cultures d’été telles que le maïs grain ou le tournesol, la technique est également éprouvée et efficace (hors cible vivaces) à Miermaigne dans les deux types de sol (limon battant et sol caillouteux). Le créneau d’intervention mécanique est plus souple (jours plus longs, conditions météo plus favorables, sol meuble…). Dans l’idéal, le dernier binage est un mixte binage-buttage pour éliminer les éventuelles levées sur le rang juste avant la fermeture de celui-ci. Sur ces cultures, les conditions météo sont favorables au dessèchement des plantes arrachées (jours très longs en mai et juin, températures relativement chaudes) ; gages d’efficacité du binage.
Selon l’écartement de la culture, la dose d’herbicide appliquée est divisée par 2 (cas des cultures semées avec un écartement de semis de 50 cm) ou par 3 (écartement de semis de 75 cm) par rapport à une application en plein sur la surface totale de la parcelle.
Au début de l’expérimentation, la technique du désherbinage avait été testée. Dans ce cas, les opérations de pulvérisation sur le rang et de binage sont réalisées en même temps. Le résultat obtenu était insatisfaisant. Les bonnes conditions d'intervention sont opposées entre le binage et la pulvérisation d'herbicide. En effet, la pulvérisation doit être réalisée en présence d’hygrométrie et de températures plutôt fraiches donc plutôt le matin. A contrario, le binage se réalise sous une atmosphère sèche et des températures élevées en plein après-midi pour favoriser le dessèchement des adventives et éviter des repiquages.
* Le volume d’eau appliqué sur le rang est de 130 L/ha. Comme seulement la moitié de la surface de la parcelle est pulvérisée (25 cm pour un écartement de semis de 50 cm), le volume d’eau ramené à la surface totale de la parcelle est de 65 L/ha.
