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L’implantation de CIVE en ZPS Petite Beauce, un nouvel enjeu dans la protection des Busards

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Depuis quelques années, les CIVE ou Cultures Intermédiaires à Vocation Énergétique liées à la méthanisation se sont développées sur la Petite Beauce et ses environs. Elles se distinguent en deux catégories : les CIVE d’hiver, semées en automne et récoltées au début du printemps et les CIVE d’été, semées après la récolte des céréales et récoltées en début d’automne.

Ce sont les CIVE d’hiver qui amènent quelques difficultés sur le site Natura 2000 de la ZPS Petite Beauce reconnue d'intérêt avifaunistique européen et notamment pour ses trois espèces de busards (Busard Saint-Martin, Busard Cendré et Busard des roseaux). Ces busards sont protégés au niveau européen et font l’objet d’une campagne de suivi et de protection coordonnée par le CDPNE, par la LPO CVL, l’OFB et en partenariat avec l'association Loir-et-Cher Nature. 

La première problématique concerne la composition de ces cultures qui s’avère très similaire aux couverts MAEC « céréales/légumineuses » généralement préconisés aux agriculteurs. Les CIVE jouent donc eux aussi de très bons rôles en tant que zones de refuge ou de quiétude, au vu de la hauteur de ces cultures et d’alimentation pour les oiseaux de plaine comme pour la perdrix rouge, le faisan de Colchide, et d’autres espèces animales comme le chevreuil, le lièvre. 

Cependant, cette notion de « refuge » est à double tranchant. Les busards qui viennent s’installer dans ces cultures intermédiaires, favorables à leur nidification dès le retour de leur migration, sont davantage vulnérables à une destruction précoce de leurs nichées s’ils ne sont pas repérés à temps. Les mois d’avril et mai sont en effet une période clef dans la récolte des CIVE d’hiver alors qu’habituellement les récoltes des céréales, secteurs historiques pour les busards, débutent mi-juin. Cette précocité s’avère un véritable défi pour les partenaires de cette campagne qui doivent redoubler de vigilance. 

Par ailleurs, une fois les nids repérés, la protection n’est pas aussi simple, car à cette période, ce sont encore des oeufs qu’il faut protéger et non des juvéniles. « Á l’heure actuelle, les protections de nids utilisées sur des oeufs sont refusées par les espèces et un abandon des oeufs est constaté. Un déplacement du nid ou une mise en couveuse serait une solution, mais c’est assez délicat et le taux de survie est bien plus incertain pour ne pas dire nul » explique François Bourdin, Vice-Président de l’association Loir-et-Cher Nature, grand passionné des busards depuis plus de 40 ans et à l'origine du suivi de ces espèces. 

«2022 a été marqué par la présence du premier couple de busard au sein même d'une de ces cultures. Malgré notre intervention au moment de la récolte de ces cultures, une femelle de busards a été blessée et transportée au sein d'un centre de sauvegarde pour la faune. Les trois oeufs, le quatrième et cinquième oeuf prédaté par une corneille, présents sur le nid ont été transporté dans le même centre de sauvegarde pour être mis en couveuse. Après éclosion, les jeunes sont morts dans les 5 jours suivants » explique Michael ROLIN du Comité Départemental de la Protection de la Nature et de l'Environnement, coordinateur du suivi Busards ». 

Au vu du nombre de projet de méthanisation en cours et par conséquent une augmentation de parcelle de CIVE sur la ZPS et ses environs, une véritable stratégie doit donc être réfléchie en concertation avec l'ensemble des partenaires Natura 2000, les agriculteurs et les élus des communes qui accueillent ces projets sur leur territoire tout en favorisant la préservation et la protection des trois espèces de busards. 

La chambre d’agriculture de Loir-et-Cher pourrait notamment apporter un accompagnement MAEC à ces agriculteurs afin de compenser la mise en place de couvert au détriment de la perte précieuse de surface de production en CIVE. Les couverts préconisés seraient quant à eux interdits d’entretien en période de nidification des oiseaux de plaine (15 avril au 31 août). 

Une autre solution serait d’adapter le matériel de fauche en mettant par exemple en place des barres d’effarouchement ou encore des radars infrarouges afin de repérer les nids. Des expérimentations sont notamment faites par la Fédération des Chasseurs du 41 dans le cadre du réseau Agrifaune Centre-Val de Loire. 

Le CDPNE, coordinateur du suivi et de la protection des busards sur la ZPS Petite Beauce, reste à disposition et à l'écoute pour intervenir en partenariat avec chaque agriculteur afin de trouver la solution la plus adaptée pour la préservation de l'avifaune de plaine et les récoltes des CIVE. 

Pour plus d’informations : contactez la Chambre d’agriculture de Loir-et-Cher au 02 54 55 20 00 ou le CDPNE au 02 54 51 56 70.