« Le réseau Centipede, une solution Open Source en guidage et autoguidage »

Pouvez-vous nous expliquer le principe de l’Open Source ?
Paul Brillault : Le principe de l’Open Source est simple : le code source d’un logiciel est créé et mis à disposition de tout le monde.
N’importe qui peut ainsi voir, modifier, adapter et distribuer ce code à sa convenance. On l’exploite à peu près comme on veut.
On peut même développer des produits commerciaux si on le souhaite. C’est une méthode très connue en informatique. Elle capitalise sur des compétences et des provenances multiples. Des projets collaboratifs permettent de produire rapidement des logiciels innovants et évolutifs grâce à de nombreuses contributions.
Pour aller jusqu’au bout de la démarche, il convient que le matériel sur lequel on utilise le logiciel développé en Open Source soit libre, lui aussi, c’est-à-dire issu de données rendues publiques telles que les plans ou les composants.
Et, pour finir, qu’il puisse être produit et installé par soi-même.
Vu les opportunités que cela représente, cette solution se développe rapidement dans le milieu agricole.

Comment fonctionne le guidage et l’autoguidage ?
Pour comprendre, commençons par définir ce qu’est un système de guidage. Le système, c’est un ensemble de signaux émis par quatre satellites minimum (en moyenne 12 à 24) en orbite autour de la Terre, qui permet de capter la
position d’un point à un endroit et à un instant donné sur la planète.
Parmi tous ces signaux, on a forcément des erreurs. C’est systématique et inévitable. La raison principale est que les ondes sont perturbées en traversant des couches de différentes températures et densités. On perd en précision
également à cause de la qualité ou la dégradation du matériel, la position des satellites, la mesure du temps, etc.

Centipede est un système de guidage qui affine très précisément la géolocalisation, c’est bien ça ?
Un système de géolocalisation classique n’est capable de détecter un point qu’avec une approximation de quelques mètres (5 mètres environ). En agriculture, on a besoin de plus de précision. Il a donc fallu inventer des technologies
qui permettent d’affiner la géolocalisation. Comme le SBAS, un satellite géostationnaire qui envoie une certaine quantité d’informations pour agir sur la correction, ou la LBAS, une base qui envoie directement une information de correction à l’antenne du tracteur.
Le réseau Centipede est un réseau de bases GNSS ouvertes et disponibles qui captent tous les satellites et qui ont suivi une procédure de géolocalisation très précise.
C’est-à-dire qu’on sait exactement où sont les bases à quelques millimètres près. Ces données (positions des satellites et positions exactes des bases) sont publiées en continu sur Internet, accessibles et exploitables en Open Source,
tout le temps, auprès de tout le monde.

En quoi ce réseau est-il utile pour les agriculteurs ?
En décembre 2023, il existe 514 bases partout en France. Plus il y a de bases, plus on pourra se l’approprier. Mais le mieux reste de monter et d’installer sa base directement sur sa ferme pour que le guidage et l’utilisation (notamment
la stabilité de la connexion Internet) soient optimaux. C’est relativement simple à faire. Il existe une documentation, des tutoriels sur Youtube, un fil de discussion avec la communauté nationale. La Chambre d’agriculture propose également des formations et des ateliers de création de base Centipede.
Les avantages de Centipede sont donc vraiment nombreux mais je citerais la réduction des coûts et l’indépendance vis-à-vis des fournisseurs, l’adaptabilité du système à ses besoins, l’évolutivité grâce aux collaborations, l’interopérabilité
avec de nombreuses consoles et l’accessibilité, notamment avec l’aide des communautés et outils de formation existants.