
« La cohorte, des agriculteurs volontaires pour intervenir en cas de feu au champ »

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la cohorte d’agriculteurs ?
Pawel Lisiak : Depuis trois ans, la cellule spéciale feux de récolte existe. Elle est constituée de la préfecture d’Eure-et-Loir, de la Chambre d’agriculture eurélienne et du Service départemental d’incendie et de secours d’Eure-et-Loir,
qui travaillent main dans la main pour limiter les feux de champs pendant les moissons. D’autres partenaires sont également associés à cette opération, notamment la direction départementale des Territoires, le groupement de gendarmerie
et les différents organismes agricoles comme les assurances, les coopératives…
Une des actions phares de cette cellule spéciale est la création d’un réseau d’agriculteurs volontaires, la cohorte, prêts à intervenir avec des machines agricoles, en respectant les distances de sécurité, pour créer des pare-feux, par exemple, en cas de feu de moisson en suivant les instructions des sapeurs- pompiers du Sdis 28*.
Comment fonctionne le dispositif ?
Il existe une procédure opératoire qui encadre très précisément le dispositif d’intervention. Lorsque la moisson démarre et que le risque d’incendie est élevé (orange ou rouge), la Chambre d’agriculture est prévenue par les pompiers si un feu se déclare dans un champ.
Elle vérifie si un membre de la cohorte se situe dans le périmètre de l’incendie. Elle appelle l’agriculteur pour vérifier s’il est en mesure d’apporter son aide. Elle confirme alors auprès des pompiers la venue ou non de l’agriculteur. Les volontaires ne sont jamais appelés directement par le Sdis.
L’agriculteur se rend avec son matériel sur le lieu de l’intervention communiqué par la Chambre.
Il aura pris le soin de prendre avec lui son « laisser-passer ». Il s'agit d'une casquette à l’effigie de la cohorte et d'un sticker collé sur le parebrise du véhicule, qui lui auront été remis par la Chambre après son inscription et qui lui permettront d’accéder à la zone.
Le sapeur-pompier en charge de l’intervention lui donnera les instructions une fois arrivé sur place.
Comment rejoindre la cohorte ?
Il suffit de s’inscrire en ligne. Le questionnaire prend cinq minutes maximum.
Vous devez simplement répondre à quelques questions. Un atelier d’échanges est organisé entre agriculteurs et pompiers, en juin, pour découvrir les engins, le matériel et les techniques d’intervention.
À quelques jours du début de la moisson, nous organisons aussi un exercice de mise en situation avec tous les acteurs pour tester le dispositif.
*Service départemental d’incendie et de secours d’Eure-et-Loir.
POURQUOI DEVENIR MEMBRE DE LA COHORTE ?
Olivier Vasseur, agriculteur et membre de la cohorte depuis 2021, témoigne :
« Mon expérience commence à l’été 2019 avec un incendie dévastateur qui a parcouru huit kilomètres. J’ai perdu une vingtaine d’hectares de colza et un petit peu de blé. J’ai eu l’impression d’être complètement dépassé par les événements.
Quand la Chambre d’agriculture m’a proposé de rejoindre la cohorte, ça m’a semblé évident d’en faire partie.
Rejoindre la cohorte, c’est indispensable pour tous les agriculteurs. Nous savons tous que le climat évolue. Nous ne sommes pas à l’abri d’avoir à nouveau un épisode extrêmement sec avec des incendies dans tous les coins de la plaine. Plus nous serons nombreux à être prêts à réagir, plus nous aurons de chance de maîtriser les incendies avec les pompiers et de ne pas se retrouver avec des kilomètres entiers et des centaines d’hectares brûlés ».