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Sécheresse : Et la forêt ?

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L’été 2019 a été particulièrement chaud et sec, enchainant plusieurs sessions de canicule en juin et juillet. La pluviométrie a également été très basse, certaines zones n’ayant pas reçu d’eau depuis le mois d’avril. C’est le cas pour de nombreuses forêts du département. Mais s’il est simple de quantifier les conséquences de la sécheresse en grandes cultures, légumes ou viticulture, il est plus difficile de les mesurer sur les espaces boisés.

En Loir-et-Cher, les forêts représentent près de 34% du territoire, il s’agit du département le plus boisé de la région Centre-Val de Loire. Comme nous l’indique Hubert DESIRÉ, conseiller forêt-paysage-bois de la Chambre d’agriculture de Loir-et-Cher, les effets de la sécheresse sont rarement immédiats sur les forêts. « La sécheresse a été très difficile principalement pour les jeunes plantations, on estime actuellement que 80% d’entre elles sont en grande difficulté, le taux de mortalité des plants sera très élevé. Les propriétaires forestiers vont faire face à de nombreux surcoûts pour le remplacement de ces plantations car il sera sans doute nécessaire de faire à nouveau des travaux de nettoyage /préparation de sols avant de réimplanter. »

DES MÉCANISMES D'ADAPTATION...

Pour faire face à la chaleur, les arbres ont différents mécanismes d’adaptation. Tout d’abord, quand les températures commencent à grimper, les stomates (orifice de petite taille présent dans l'épiderme des feuilles et des tiges qui assure les échanges gazeux entre les végétaux et l'air ambiant et notamment la régulation de l’évapotranspiration) se referment rapidement pour garder l’eau au maximum. Cela se traduit par une croissance ralentie. Un autre moyen, toujours dans un souci de garder l’humidité, est la diminution du volume du feuillage. Ainsi, on remarque que les arbres ont déjà de nombreuses feuilles mortes, celles-ci n’ayant pas reçu « volontairement » l’hydratation nécessaire. Enfin, les arbres limitent la croissance aérienne de leurs branches et feuilles pour développer les racines et ainsi aller chercher l’eau plus en profondeur.

...MIS A MAL PAR LA CHALEUR

Cependant, bien que les arbres aient mis en place ces dispositifs de défense, la sécheresse de cette année sera fatale, même à des arbres adultes. C’est en effet la deuxième année consécutive de sécheresse et, fragilisés par l’absence d’eau, ces derniers ont connu un fort stress hydrique ce qui les rend également plus vulnérables aux ravageurs et maladies. « Le chêne pédonculé est un bon exemple des  essences victimes des dégâts de la sécheresse. C’est une essence qui ne supporte pas le manque d’eau estival et donc une sécheresse aussi accrue. Il compte parmi les espèces les plus touchés par le déficit d’eau d’août.» confirme Hubert DESIRÉ.

Tous les territoires forestiers ont été affectés par la sécheresse mais c’est la Sologne qui en aura sûrement  le plus souffert. Avec un type de sol qui s’assèche très rapidement et un apport en eau proche de zéro, c’est chez les arbres de ce territoire que le stress hydrique a été le plus important.

UN RISQUE D'INCENDIE

L’absence d’eau est certes difficile pour les arbres, mais un autre danger est apparu pendant les périodes de sécheresse. En effet, ces températures sont propices aux incendies, qui détruisent sans espoirs de sauver les végétaux. Le fait que les sols et les feuilles soient secs fournit un super-combustible pour la moindre flamme. Pour limiter les incendies, impossibles à anticiper, la recommandation a été de limiter les travaux mécanisés en forêt pendant ces périodes.

« Il est en effet compliqué d’atténuer les effets de la sécheresse sur la forêt. De plus, même si des travaux l’adaptation de nouvelles essences sont en cours, afin de planter des arbres qui résisteront mieux aux sécheresses, les résultats ne peuvent être tirés qu’après plusieurs dizaines d’années de plantation. De plus, le département peut également encore être soumis des hivers rigoureux avec  forts gels ou gelées tardives : il est donc nécessaire de trouver des peuplements, résistants aussi bien au gel qu’aux fortes chaleurs. » conclut Hubert DESIRÉ