> Organisation du parcellaire

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Favoriser la biodiversité « utile », c’est avant tout favoriser les milieux favorables à ces espèces, pour faciliter leur hébergement, leur reproduction et leur « efficacité » contre les ravageurs des cultures bien maitrisés par ces espèces (pucerons notamment). Il existent quelques repères à avoir en tête concernant la gestion du parcellaire, un des facteurs clés de la présence et l’activité des auxilaires.

Organiser son parcellaire pour favoriser les interactions écologiques

La taille et la forme des parcelles agricoles répondent à de nombreux paramètres, qu’ils soient naturels (reliefs, cours d’eau, sols) ou dépendants de critères humains (transmission des parcelles, passages d’engins, temps de travail). La dispersion du parcellaire et sa distance avec le corps de ferme ont également un rôle sur le découpage parcellaire. Au regard de la biodiversité, il est important de considérer la taille et l’organisation des ilots pour favoriser les bénéfices liés aux auxiliaires des cultures.

La taille des parcelles a ainsi un plus grand effet sur la biodiversité des champs que la diversité d'assolement ou le pourcentage d’éléments du paysage. On touche ici la capacité des auxiliaires des cultures à pouvoir couvrir de leurs déplacements l’ensemble de la parcelle, tout en restant capable de se réfugier dans un aménagement (refuge, reproduction, hibernation, …).

De nombreux travaux suggèrent que la biodiversité dans les champs dépend plus des caractéristiques (diversité et capacité à former un réseau) des bordures des champs que de leur taille (présence de forêts ou de bosquets).

Ce résultat s'est confirmé par une étude menée en 2014 (Bertrand, 2014) en Bretagne qui a montré que la taille moyenne des parcelles était négativement corrélée avec la richesse des carabes et des araignées (données issues du site osez-agroecologie.org).

Un paysage agricole fait de petites parcelles, et donc avec une forte densité de bordures de champs, favorise l’abondance des pollinisateurs, en particulier celle des abeilles sauvages », et ainsi du transfert de pollen et de la production de graines. Par contre, une plus grande diversité des cultures n’aurait pas forcément d’impact sur l’abondance des pollinisateurs, « notamment lorsque l’augmentation de la diversité est due à la présence de cultures intensives telles que la culture de maïs, peu favorables aux adventices et aux pollinisateurs », détaille le CNRS.

En résumé, il est préférable de travailler sur la mosaïque des parcelles (taille et diversité des cultures) au sein des ilots avant d’entamer la mise en place d’aménagements plus importants (comme les haies), en ajoutant une gestion des bords de champs raisonnée, favorable à de nombreux auxiliaires.

Il a été établi une classification sommaire des parcelles par taille (données Hommes & Territoires) :

les parcelles de moins de 10 ha sont particulièrement favorables aux auxiliaires et leurs déplacements, les parcelles entre 10 et 15 ha le sont de manière plus variable (selon le cadre paysager et les espèces auxiliaires suivies) et, au-delà de 15 ha, on considère que la parcelle est de grande taille et donc peu favorable à la biodiversité utile comme à la faune sauvage.

De manière assez unanime, les travaux scientifiques montrent que la grande majorité des auxiliaires (9 sur 10) doivent quitter la parcelle cultivée une ou plusieurs fois dans leur vie pour effectuer leur cycle et survivre. Au contraire, seulement 1 ravageur sur 2 aurait besoin de quitter la parcelle cultivée pour assurer son maintien (données issues CASDAR «Améliorer l’efficacité agro-écologique des systèmes agroforestiers en grandes cultures»).

 

Figure 1. Deux situations d'aménagement parcellaire : à gauche choix d'implanter une haie seule, sans travail sur les tailles parcellaires, et à droite, approche plus diversifiée avec une meilleure connectivité pour plus lien entre zones refuges et parcelles