> Haies

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Ce sont des alignements d’arbres ou d’arbustes qui marquent souvent la limite entre 2 parcelles ou 2 propriétés. Les haies peuvent remplir différents rôles : brise-vent, lutte contre l’érosion du sol et le lessivage des polluants, régulation du climat, stockage de carbone, composition du paysage. Elles ont aussi de multiples intérêts pour la biodiversité : corridor biologique, habitat, lieu de nourrissage, de nidification ou d’abri…

Le choix des essences, des dimensions, des emplacements sont à orienter selon les services recherchés.

ETAT DES LIEUX

Le bocage et les haies sont un patrimoine semi-naturel en nette régression depuis le XIXe siècle, hormis les petites haies de clôtures de l'habitat périurbain. Les remembrements ont causé la perte de dizaines de milliers de kilomètres de haies : 45 000 km de haies ont disparu de 1975 à 1987 en France Environ 2 000 km ont été replantées dans les années 1990-2000.

Au total, le bocage français a régressé de 2 millions de km. - Des aides ont été allouées pour la plantation de haies et parfois pour la restauration de véritables corridors boisés (cadre de la trame verte promue par les régions ou le Grenelle de l'environnement).

Certains départements, comme le Pas-de-Calais ou l'Allier, l’Indre, se sont dotés de plans de gestion pluriannuels de leur patrimoine bocager.


LES SERVICES RENDUS

La haie et le bocage peuvent remplir de nombreuses fonctions :

  • fourniture de bois d'œuvre et de chauffage
  • protection des cultures du vent (fonction brise-vent) et de l'érosion
  • abri pour le bétail
  • refuge à de nombreuses espèces sauvages, dont des auxiliaires des cultures

Régulation climatique

La haie joue un rôle de régulateur microclimatique : en été, elle offre de l’ombre, et son évapotranspiration augmente la sensation de fraîcheur et la formation plus durable de rosée. La nuit et en hiver, elle offre une protection contre les vents froids.

La modération micro-climatique peut être de +/- 5 °C à l'abri d'une haie vive et suffisamment dense mais non étanche au vent. Derrière un « mur végétal » composé par exemple de conifères exotiques densément plantés (thuyas, cyprès…), le vent se heurte à l’obstacle et l’impression de froid peut augmenter à cause des turbulences plus importantes. Du printemps à l'automne, en climat tempéré, la haie naturelle a un effet tampon, capte la chaleur pour la restituer progressivement.

Régulation hydraulique et protection des sols

S'opposant au ruissellement et favorisant l’infiltration de l’eau le long de ses racines, la haie contribue à améliorer l’alimentation des nappes phréatiques et à limiter à la fois les risques et effets des phénomènes de sécheresses/inondations.

De plus, elle ralentit fortement l’érosion éolienne ou hydrique des sols. En effet, une haie de 1 m de haut protège du vent les 10 m de sol suivants.

Les haies « pièges à carbone »

Les haies constituent une source renouvelable de bois-énergie. Exemple : haies comportant des arbres (frêne, charme, chêne, saule, etc.) taillés en têtard. Le chauffage au bois n’émet que 40 kg de CO2 par MWh de chaleur utile alors qu’un chauffage au gaz en émet 222 kg, au fioul 466 kg et à l’électricité 180 kg. De plus, le bois-énergie ne produit pas de soufre

Protection visuelle et paysagère

Une haie bien fournie peut être très efficace pour préserver une propriété du regard des voisins, ou de la vue d'une route ou d'un paysage peu intéressant. Une haie bien pensée confère au terrain un potentiel esthétique non négligeable. En plantant des arbres à fleurs ou à baies, on peut apprécier, à chaque saison, une nouvelle palette de couleur. De plus, certaines espèces sont particulièrement odorantes, le chèvrefeuille par exemple, donnera une touche agréablement parfumée à la haie.

Le paysage bocager est de plus en plus menacé. En replantant les haies, et en tentant de recréer un réseau, on contribue efficacement au maintien de ce paysage traditionnel des campagnes.

Préservation et restauration de la biodiversité

Les haies constituent des lieux d’abri et de nourrissage pour la faune. Elles hébergent également une flore spontanée. Les linéaires de haies jouent le rôle de « corridors écologiques », c’est-à-dire de couloirs servant aux déplacements de la faune ou de la flore.


RECOMMANDATIONS TECHNIQUES POUR LA BIODIVERSITE

 Les critères de qualité d’une haie dépendent des espèces que l’on souhaite favoriser, ainsi certains oiseaux préfèreront des haies hautes, d’autres des haies buissonnantes… Mais de façon globale on peut dire que la qualité d’une haie considérée dépend de :

  • sa structure : plus elle sera hétérogène (présence de différents étages, d’un ourlet herbeux, branches horizontales irrégulières, haie sur plusieurs rangs…), plus elle créera d’habitats différents. Plus elle sera large, plus sa richesse biologique sera grande ;
  • sa composition : une diversité d’essences permet d’apporter un couvert végétal et de la nourriture de différentes natures et à diverses périodes. L’utilisation d’espèces indigènes est importante pour qu’elles puissent s’adapter aux conditions pédoclimatiques locales et correspondre aux besoins, notamment alimentaires, de la faune locale ; Pour augmenter encore le potentiel écologique de la haie, on peut y conserver des arbres sénescents, des arbres têtards et du bois mort afin d’offrir aux insectes xylophages la nourriture et l'habitat dont ils ont besoin et aux oiseaux et mammifères cavernicoles les abris et la nourriture. Laisser également du bois mort au sol…
  • son mode d’entretien : réaliser une taille adaptée, n’éclatant pas les branches et ni trop sévère ni trop fréquente pour favoriser la floraison. Un entretien est nécessaire pour permettre une bonne diversification de la structure. Lors de la taille, les branches doivent avoir une coupe franche (les branches supérieures à 4 cm de diamètre doivent être taillées au lamier ou à la tronçonneuse). La période de taille doit se faire entre septembre et mars, de façon à ne pas déranger la faune en période de reproduction. Un entretien à la fin de l’hiver est préférable car il permet de conserver un couvert et des réserves de nourriture pour la faune durant l’hiver ; ne pas tailler toute la haie en même temps permet également d’avoir une perturbation moins brutale pour la faune qui l’habite ;
  • son environnement immédiat : la présence d’une bande enherbée le long de la haie est très favorable à l’installation de la biodiversité car elle :
    • Sert de zone tampon, évitant les dérives de traitement des cultures voisines,
    • Constitue une transition non brutale entre le milieu arboré ou arbustif et la parcelle cultivée voisine et crée un effet lisière, avec la diversité d’espèces qui l’accompagne,
    • Offre une zone de ressuyage pour les espèces utilisant la haie.
  • sa situation : une haie près d’un talus ou d’un fossé sera d’autant plus riche car ces milieux créeront des zones plus ou moins humides, plus ou moins exposées au soleil ou au vent et donc des conditions de vie particulières pour le développement d’espèces végétales et animales.

CHOIX DES ESSENCES

Le choix des essences sera déterminée par un grand nombre de facteurs, parmi lesquels on peut citer la composition du sol, l’exposition du terrain, l’espace disponible, ou encore la forme, le style ou le but recherché. Un grand terrain permettra de planter la haie sur deux rangs en quinconce, offrant aux animaux plus d'espace. Il est important d'utiliser des espèces indigènes en mélange et de les alterner tous les trois ou quatre pieds. On peut mélanger les espèces à feuilles caduques, persistantes et celles au feuillage marcescent.

L’outil Auxil’haie peut vous aider dans vos choix d’essences : https://chambres-agriculture.fr/recherche-innovation/agroecologie/agroforesterie/auxilhaie/


POURQUOI UTILISER DES ESSENCES INDIGENES ?

  • Une espèce indigène croît naturellement dans sa zone de répartition car son matériel génétique s'est adapté aux conditions du milieu. Une espèce indigène est donc particulièrement adaptée au type de sol, au climat, à la faune et à la flore qui l’entourent. Planter une espèce indigène permet de maintenir les équilibres écosystémiques de la région.
  • La flore indigène a évolué en même temps que la faune du milieu. Elle répond donc parfaitement aux besoins de la faune, en termes de nourriture, d’habitats, etc.
  • Les espèces locales ont de plus en plus tendance à disparaître.
  • Cultiver des espèces indigènes permet de maintenir un réservoir génétique de semences locales.
  • En plantant les espèces locales, on favorise la mise en place de corridors écologiques et on contribue à rétablir les interconnexions entre les différents milieux.
  • Pour en savoir plus sur « planter local » : https://www.biodiversite-centrevaldeloire.fr/ressources/idees-actions/planter-local